Le marché des transferts, également appelé « mercato », a lieu deux fois par an. Le premier est le mercato d’été. Le second est le mercato d’hiver. C’est un marché sur lequel on peut acquérir (achat classique), ou se faire prêter un joueur (le joueur appartient toujours au club avec lequel il est sous contrat, mais va jouer pour un autre club pour 6 mois, un an voir même 2 ans si le prêt est assorti d’une option d’achat).
Sur le plan purement sportif, le mercato est d’abord considéré comme un accélérateur de performances sportives de l’équipe. On peut recruter un nouveau joueur pour compenser
l’absence temporaire ou définitive d’un joueur blessé, induire de la concurrence entre joueurs sur tel ou tel poste. On peut aussi se doter d’un joueur performant et médiatique (cf. Neymar au
PSG…) pour accroître l’exposition média… constituent les principaux leviers amenant un club à s’intéresser au marché des transferts. Cette approche repose t-elle uniquement sur l’aspect
footballistique ?
Si on se penche sur l’aspect économique, le mercato est une véritable machine à cash (les échanges se chiffrent en millions d’euros), garantissant de nombreux jackpots !
Mais avant de conclure un transfert, le club va chercher à dépenser le moins possible. Le club envoie des recruteurs, pour trouver le joueur avec le plus fort potentiel, au prix le plus faible.
C’est à cette période, quelques mois avant l’ouverture des marchés que la spéculation est à son comble. Les différents médias, plus ou moins spécialisés, participent activement aux rumeurs… Tour
à tour, ils envoient les meilleurs joueurs un peu partout en Europe. On trouve des titres accrocheurs tel que « Pogba au PSG, ça chauffe… » dans Le Figaro.
Alors que les clubs avancent dans la recherche du joueur souhaité et que les agents de joueurs rôdent, les médias et les supporters se déchaînent à partir d’une bribe d’une information… qui
s’avèrera souvent pure intox ! Un véritable jeu de poker menteur…
Plus sérieusement, lorsque les choix se précisent et que les contacts dans l’ombre se précisent, s’engagent les négociations… Les deux clubs entament des négociations pour se mettre d’accord sur
le montant du transfert et ses conditions. Bien qu’un joueur ait manifesté son envie de partir, il n’est pas rare que son club refuse de laisser partir parce qu’il est hautement contributif aux
résultats de l’équipe. Les joueurs vont alors au bras de fer : baisse de l’intensité durant les matchs, boycott des entraînements, simulation de méforme ou de blessure... Tout est bon pour pour
tenter de faire craquer le club ! Le comportement du français Ousmane Dembélé peut illustrer cet exemple, lors de son mouvement du Borussia Dortmund vers le FC Barcelone.
Il y a également des contrats avec une clause libératoire. C’est le cas du transfert de Neymar. Le PSG n’a pas hésité à payer le prix de la clause libératoire qui libère le joueur de ses
engagements avec le club auquel il appartient, avant la fin de son contrat. Dans cette situation, si le joueur souhaite rejoindre le club qui paye sa clause, le club avec lequel il a un contrat
ne peut pas l’en empêcher. C’est une pratique obligatoire en Espagne, autorisée en Angleterre et au Portugal, mais interdite en France selon l’article 202 de la LFP (Ligue Professionnelle de Football).
Dans les cas où les deux clubs parviennent à un accord sans activation de la clause libératoire si elle existe, le club acquéreur et le joueur vont convenir des termes du contrat, en particulier de sa durée et du salaire. Lorsque le contrat est signé, il y a annonce officielle à la presse qui va s’empresser de diffuser l’information.
En France, les transferts de joueur ont connu des évolutions significatives en 1969. Sous l’influence des syndicats de joueurs (UNFP), changer de club est devenu possible ! Auparavant les joueurs avaient un contrat à vie avec leur club et ne pouvaient pas en changer comme ils voulaient.
Une seconde et importante évolution arrive avec l’arrêt Bosman qui permet aux clubs d’engager autant de joueurs européens qu’ils le souhaitent (limité à 3 avant) et de ne plus avoir besoin de payer une indemnité de transfert lorsque le joueur est en fin de contrat avec son club.
Quelques chiffres pour prendre la mesure des enjeux
- 100 Livres Sterling c’est le prix du premier joueur transféré dans l’histoire du football, le britannique Willie Groves en 1893
- 222 millions d, comme le coût du transfert de Neymar du FC Barcelone au PSG. Ce qui s’avère être le transfert le plus cher de l’histoire du football … pour le moment
- 867 millions d’euros, comme la somme dépensée sur le marché des transfert cet été par Manchester City. Le mercato estival 2017 a duré 84 jours, le club anglais a donc dépensé en moyenne plus de 10 millions par jours
- 4 milliards d’euros, c’est la somme impressionnante dépensée par l’ensemble des clubs des 5 grands championnats européen (Angleterre, Allemagne, Espagne, France, Italie) durant le mercato estival 2017. C’est la première fois dans l’histoire du football que la barre des 4 milliards est dépassée, en 2010 ce marché n’atteignait pas encore la barre des 1,5 milliards … Une croissance fulgurante mais qui ne semble pas terminée.
- 697 millions d’euros, comme la somme dépensée par les clubs français sur le marché d’été en 2017. C’est 160 millions de plus que l’année passée. Le PSG a dépensé à lui seul 585 millions, « laissant » aux 19 autres clubs de Ligue 1 les 112 millions restant…
- 344 millions d’euros, comme comme la somme acquise par les clubs de Ligue 1 pour la vente de leur joueur … visiblement on est meilleur acheteur que vendeur.
- 763 millions d’euros comme la somme dépensée par les clubs français pour les deux mercato (été et hiver) en 2017
Si l’on considère les sommes faramineuses englouties, on a bien l’impression que les mercatos visent davantage le business que la performance sportive. D’autant plus que certains joueurs achetés à prix d’or ne s’intègrent pas dans l’équipe et/ou ont très peu de temps de jeu. Le cas de Neymar a beaucoup fait
parler ! Acheté 222 millions d’euros, il s’est blessé à la fin du mois de février et n'est pas revenu sur un terrain avant la fin du
championnat…
Beaucoup de voix se sont élevées pour dire que 222 millions pour 6 mois de jeu cela ressemblait un peu au casse du siècle ! Mais peut être que le PSG tablait autant sur le buzz média qui a
entouré le transfert de Neymar que sur sa valeur sportive…
En deux mois, le PSG a vendu 120 000 maillots estampillés "Neymar JR" à un tarif de vente situé entre 100 et 140 € selon le maillot. Rien que pour ce créneau merchandising, la target est à plus d’1 million de maillots vendus en une saison… Le club a en outre enregistré davantage de partenaires (le groupe Chinois Desports a rejoint le club pour 3 ans et plusieurs millions d’euros). Il a également vu croître le coût de ses spots et insertions publicitaires…
Plus la somme du transfert est importante, moins l’aspect sportif est la seule composante à prendre en compte. Un véritable business plan a pour objectif de maximiser les possibilités de retour sur investissement : produits dérivés, vecteurs d’image, valeur de revente…tous les leviers sont actionnés !
Mais si les « milieux autorisés » commentent souvent le marché des transferts chez les professionnels, il existe également un marché des transferts chez les amateurs, même à des niveaux modestes. Nettement moins médiatisé, avec nettement moins d’argent en jeu, il n’en reste pas moins intéressant quand on se penche sur les techniques développées pour attirer un joueur. Même dans le monde amateur on parle de prime à la signature, de « voiture de fonction », et autres avantages en nature ! Tout ceci bien sûr à une autre échelle, mais le monde amateur reproduit le schéma mis en place sur le marché des transferts, en proposant différentes choses (argent, voiture, travail) pour obtenir la signature d’un joueur.
Et comme dans le football professionnel, c’est le club avec le plus de moyen qui fera venir les meilleurs joueurs.
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